biography

Je le regardais avec un de ces larges sourires et puis, ses yeux rencontrèrent les miens. Je crois bien que ce fut bref, mais j’y avais alors attaché un intérêt certain comme une curiosité que j’étais incapable de décrire autrement. Il ne m’avait pas donné d’importance et quelque part, je crois qu’il n’était plus aussi serein que lors de notre première rencontre.
- Quoi ? demanda-t-il, distrait et agacé.
- Je vous trouve simplement captivant, répondis-je.

J’avais capté son attention. Il avait marmonné quelque chose et tout à coup, ses yeux sifflaient à nouveau. Il n’y avait pas d’amusement dans l’intimité de ce regard. Et il s’était alors accroupi, penché jusqu’à ce que sa main viennent se déposer tristement sur mon épaule. J’en avais frissonné.
Pauvre chose. Il ne souriait pas, mais c’était de la satisfaction. Sans doute. Je crois que je t’ai donné le syndrome de Stockholm.

J’avais dû m’absenter un instant. Prendre le temps de regarder lentement autour de moi, me souvenir que j’étais dans une cave depuis des mois. C’était un environnement que je connaissais, une discussion que j’avais déjà eu.
Là, dans ce silence suffocant. Moi, à sa place.

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De toutes les pièces de souvenirs de mon enfance, mon frère est la plus large et la plus vide. Et, près de moi. Près de moi, il se tient.

L’angoisse de la pièce disparaît tout à coup. Ces yeux perturbants ne me fixent plus et déshabillent mon frère à la place. D’une façon plus discrète, plus douce. Plus curieuse.
Tout près de lui, je me rends compte que je ne ressens plus ce frisson implacable. Mon frère a toujours été loyal. Ses traits expressifs révèlent son esprit. Il est perturbé, incapable de comprendre ce qu’il m’arrive. Et pour moi, à la place du coupable, rien ne fait sens non plus.

Les procès des Di Fonzo sont populaires auprès du grand public en raison de leur particularité. D’abord, des preuves m’ont accusé de séquestration de meurtriers et autres atrocités de l’humanité. Ma peau était verte et je m’imaginais dans une maison chaleureuse où un petit déjeuner m’attendait. Des œufs chauds et un sourire dont j’ai oublié la provenance. C’était un étrange sentiment que je serais aujourd’hui incapable de décrire.

Mais je me souviens d’une chose. Cette maison a gardé jalousement ma réalité et m’a laissé un sentiment de solitude, de dégoût parfois et une forte volonté de vide. Parmi ces choses, il y avait ses mains douces et ses yeux chauds, ces longs cils. Il y a eu mon frère à la loyauté sans égale, qui a pris ma place dans ce procès. Il a marqué un distinction stricte entre lui et moi et pire encore, j’ai été incapable de lire ses expressions. J’ai réalisé, assis seul, que j’ai oublié l’exact bleu de ses yeux ou la profondeur de ses sourires et qu’il s’est effacé au loin là où ma mémoire fane.