À la naissance, vif est déjà l'enfant qui plus tard subira des années de tourmentes et d'injustices. Malavisé par les mensonges de sa mère et de l’instabilité créée par l’absence de son père, il n’a eu d’autres choix que de grandir plus vite qu’il ne l’aurait dû. Il a endossé le rôle qu’on lui attribuait. Sa mère a toujours été en mesure d’assurer seule et n’a jamais eu besoin de l’aide de qui que ce soit, mais l’avis général voulait que Darcy devienne l’homme de la maison. Un destin qu’il acceptera avant de se rendre compte de tout ce que cela implique.
Alors qu’il a à peine deux ans, le brun rencontre celle qui fera battre son cœur, d’une agitation particulière: Mérope. Elle non plus, son père n’a pas souhaité faire de vieux os avant sa naissance. Les deux mères usent de ce point commun assez rare pour justifier de se voir, les deux enfants sont également contents de se retrouver à chaque fois. L’amour qu’ils se portent l’un l’autre ne fait que continuer de grandir avec les années qu’ils accumulent. Lorsqu’il a six ans, Darcy propose de sceller cette relation, les deux mères se mirent alors d’accord sur un petit portillon qui lierait les deux jardins l’un à l’autre.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Il n’a pas fallu longtemps avant que le jeune hybride finisse par aller travailler. Alors âgé de huit ans à peine, les manches déjà retroussées pour s’affairer à donner un avenir meilleur à sa mère et Mérope. On peut dire qu’il n’a pas chômé, même si sa mère n’était pas à plaindre financièrement, Darcy a réussi à rendre la vie de celles qu’il s’était juré de protéger, envers et contre tout, un peu meilleur. Lui non plus n’a pas mis longtemps à se mettre à l’aise, se permettant de faire quelques extras durant les labours et les récoltes.
Il aimait travailler là-bas, parce que personne ne se regardait vraiment, tout le monde étant bien trop occupé à faire sa part pour regarder les détails des autres. Ainsi personne ne lui faisait remarquer son hybridation particulière, connue pour sa mauvaise réputation et sa dangerosité. Malheureusement, dans la rue les regards étaient tout autre et si Mérope ne l’avait pas poussé de de gré ou de force à sortir pour l’accompagner, il serait probablement resté chez lui tout le reste du temps. Ces regards de dégoûts, de peur, de colère, tout ce qui pouvait le laisser se sentir méprisable.

Lorsqu’il arrive à ses treize années, comme tous les hybrides, il fait son apprentissage de la bonne conduite et de la bienséance, même s’il n’apprécie pas la manière dont la masse est traitée, ce brin d’instruction a su réveiller sa curiosité, enfouie dans des années de labeur. Sans trop savoir expliquer comment il a pu faire la première fois, il a réussi à prendre contact avec l’un des transporteurs Terre-Lune ; ce dernier pris de pitié a su offrir au jeune hybride ce qu’il désirait le plus : de la connaissance.
S’en est suivi plusieurs années durant lesquels Darcy reçu des livres pour s’instruire, dans divers thèmes, quelques livres destinés purement au divertissement, Darcy n’en a jamais raté une miette, dévorant page après page. Il n’a pas pu s’empêcher d’en parler à sa meilleure amie pour lui partager la nouvelle et l’inclure dans ses lectures.

Avec les années et son apprentissage du corpus humain, Darcy avait fini par remarquer les changements de comportement chez sa partenaire de toujours, celle qu’il a toujours considérée comme une sœur, là où la plupart partagent l’idée qu’ils sont plus que ça. Il ne se souciait pas vraiment des apparences et même s’il ne l’aimait pas de cette manière, il aurait tout donné pour elle. Ce qui avait pour don de l’agacer en revanche, c’était le mépris que certains entretenaient pour Mérope, lorsqu’elle était en sa compagnie. Il s’est souvent senti coupable pour ça, mais elle n’en a jamais fait fi.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Elle a commencé à s’éloigner, peu à peu, mais toujours un peu plus. Délaissant leurs balades, ils ne discutaient plus. Même s’il avait senti arriver ce moment, Darcy n’arrivait toujours pas à mettre le doigt dessus, jusqu’à ce qu’il comprenne durant une sortie inhabituelle. Il n’avait pas fait le trajet par plaisir, mais par obligation. Devant lui, après un tournant, il la voit, main dans la main, accrochée à celui qui doit occuper son temps et ses pensées.
Darcy finit par faire un demi-tour total, ne souhaitant pas en voir plus, se moquant bien des raisons initiales pour lesquelles il était sorti à la base. Ils ont l’air heureux, même s’il est triste et se sent rejeté, il accepte, son amie est heureuse…

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Darcy finit par découvrir le pot aux roses, Mérope n’est pas entre de bonnes mains, il ne la reconnaît plus, elle se met en danger et il ne le supporte pas. Lorsqu’il apprend les vraies raisons de la bouche de Thétis, il fonce confronter l’amant de sa meilleure amie, celle qu’il a déjà presque perdue. Darcy le menace, l’autre ne bronche pas. La grise ouvre la porte, tout le monde est surpris, le coup part.
Celle qu’il voulait protéger le regarde, les yeux ronds, en voyant ce que le brun vient de faire. Il se sent honteux, médiocre, elle le hait, elle le méprise, il le sait. Elle disparaît après avoir lancé un dernier regard à son amant, gisant au sol, couvert de sang.

Ils n’ont pas mis longtemps à venir le chercher et à l’envoyer derrière les barreaux. Personne n’est jamais venu le voir au parloir, sa mère l’a renié, Mérope le déteste. Il ne sait plus quoi faire, il ne sait pas combien de temps il va rester là. Après un an et demi à traîner sa carcasse dans sa cellule, on lui propose l’eldorado, la délivrance: l’envoyer sur Terre pour purger sa peine.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin.